Comment dire ?… ou pas

Chers amis,

Alors que nous vivons depuis des mois une intense période de communication entre dirigeants, scientifiques, experts de tous ordres et citoyens ; alors que nous savons tous depuis bien longtemps que la communication est un élément indispensable au bon (ou moins bon) fonctionnement des sociétés, je me suis souvenu d’un petit texte trouvé dans un polar asiatique très drôle et atypique (conseil de lecture en passant), que je vous livre ci-dessous…

 « Dans des temps reculés vivait un homme du nom de Tang Sheng. Il se considérait lui-même comme un homme très sage. Il avait entendu dire que le savant Zhu Gumin possédait de grands pouvoirs avec les mots.

Il invita Zhu Gumin chez lui et lui parla ainsi :

– On m’a dit que vous saviez utiliser les mots avec talent. Il paraît que vous pouvez même faire sortir les gens de chez eux seulement par la ruse. Mais je crois que vous ne réussirez jamais à me faire sortir de chez moi.

Et Zhu Gumin lui répondit :

– C’est l’hiver. Il fait très froid dehors. Je préfèrerais utiliser mes pouvoirs pour faire entrer quelqu’un dans une maison. Il me suffirait de décrire la chaleur et le confort de la maison avec un telle force de persuasion que la personne ne pourrait y résister ; elle se sentirait obligée d’entrer, même si elle voulait rester dehors.

– Essayons, proposa Tang Sheng. Il sortit dans le jardin glacé. À présent, utilisez vos mots pour m’attirer à l’intérieur.

Mais Zhu Gumin ne dit rien.

Tang Sheng lui demanda encore d’utiliser son pouvoir des mots.

Zhu Gumin ne dit toujours rien. »

Maitredefengshuiperd

Pendant ce temps

Commentaires fermés sur Pendant ce temps

La politique m’intéresse. L’évolution des idées politiques m’intéresse, la stratégie politique m’intéresse, la communication politique m’intéresse. Et les politiques eux-mêmes, m’intéressent au plus haut point – je parle des quelques hommes et femmes dont les noms sont connus d’une bonne partie d’entre-nous. Toujours sous les projecteurs (et si ce n’est pas le cas, en demande), ils deviennent de véritables objets médiatiques. Les communicants les travaillent comme des marques, et tout en eux n’est animé que par l’envie de convaincre. Sans répit, ils tournent d’estrade en plateau, de réunion en studio avec une seule idée en tête : convaincre.

Et puis il y a la faille. Je me souviens par exemple de Jacques Barrot, ce centriste plusieurs fois ministre qui occupa de hautes fonctions à la Commission européenne. Le 21 avril 2002, un journaliste l’interviewait dans son bureau, et il a soudain fondu en larmes. Salubre authenticité.

Je suis tombé sur cette vidéo juste après avoir posté mon précédent message. Qu’on ne s’y méprenne pas : ce que je veux vous montrer en vous présentant cette intervention n’est pas forcément le fond du message. Je souhaite juste vous faire partager un moment de dignité. Par ailleurs, une partie de ce message est consacrée au mot, au sens, sujets qui me sont chers. Lorsqu’on tord le sens des propos, ce qui arrive souvent en communication, on prend des risques rarement maîtrisés. Et quand il s’agit de politique, c’est à dire du bien commun, les conséquences sont ensuite supportées par tous.

Autre chose. Quelque soit ce que l’on puisse penser de l’homme qui intervient dans cette vidéo, il est habité, indubitablement. Et comme certains tribuns malheureusement de moins en moins nombreux, il est capable de : lyrisme. Le mot est beau, n’est-ce pas ? Je vous laisse juges.

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