La première fois que j’ai entendu parler « d’affaires », c’était vers la fin des années 1980. Financement des partis politiques, sang contaminé, Françafrique ; Fabius, Nucci et Emmanuelli (dans le désordre). J’avais 20 ans et j’étais scandalisé. Ensuite, des quadra sont tombés : Noir, Léotard ou Alain Carignon (que j’avais prémonitoirement et immédiatement surnommé Al Carone). Pendant ce temps, un type achetait des entreprises, les revendait, puis devenait ministre et président de l’OM (ou l’inverse). L’un se faisait prendre la main droite dans le pot de confiture, et l’autre la main gauche dans le sac, alors qu’un troisième filait quelques mois en taule (et passait son tour en rongeant son frein). Ça devenait risible tant qu’il n’y avait pas un petit suicide par-ci par-là. J’avais 30 ans, 40 ans, et désabusé, je me marrais dans mon coin.
Dernier tableau. Il y en a un qui planque quelques centaines de milliers d’euros aux Îles Caïmans avant de devenir ministre des finances : « Je me rendais pas compte », a t-il répondu (ou un truc dans le genre) ; un autre qui se fait cirer les chaussures à l’Élysée en se gobergeant de grands crus aux frais de la princesse. Et la dernière, une fine petite équipe qui détourne une dizaine de millions d’euros quelques mois avant de demander l’aumône à ses militants. Alors que tout le monde dit qu’il n’était pas au courant, un cadre, la larme à l’œil, parlant de ce qu’on a appelé le « Sarkothon » : « C’était parfois très émouvant… Un jour, j’ai vu une dame arriver dans ma permanence. Elle était au RSA. Elle a tenu à nous donner 300 €. C’est beau, non ? ». J’ai près de 50 ans, et je suis dégoûté.
Le misérable petit spectacle. Sont-ils conscients du misérable spectacle qu’ils nous présentent ?
Bon, maintenant, on fait quoi ?